2019/02/22

Ascoval, Fonderie du Poitou, Ford Blanquefort : privé et public






Si l’échec de la reprise d' Ascoval n'était pas tragique pour les salariés, cet échec serait  une bonne illustration de la nécessité de la libre d'entreprise, ou encore de la nécessité du capitalisme, bien que ce terme soit trop souvent employé de manière négative. 



Il faut injecter 35 M€ de capitaux propres pour relancer Ascoval . L'investisseur potentiel ne le fera que s'il peut espérer un retour sur cet investissement et la possibilité de récupérer un jour cet argent. Faute de telles espérances, il gardera ses 35M€ et Ascoval périra définitivement.

Idem pour les fonderies du Poitou. Cette belle entreprise a été en perte sur tous les exercices de 2013 à 2017. Pertes d'exploitation cumulées sur ces 5 années : près de 17 millions d'euros. De plus, stratégiquement, cette entreprise est hélas mal positionnée sur un secteur en déclin (les bloc-moteurs de voitures diesel). Là encore il faut investir pour redresser la barre et repositionner l'entreprise . Il faut trouver des investisseurs qui ne soient pas rebutés par le lourd passé de pertes. On n'attrape pas les mouches avec du vinaigre et on attire les investisseurs avec des perspectives de bénéfices. Pas avec les discours anticapitalistes de Messieurs Martinez et Poutou, ni avec les comportements inqualifiables de ces malheureux salariés qu'ils prétendent vouloir sauver et qui donnent une images très négative de la France.



Alors quelles perspectives de retour sur investissement ? 
Quel rendement attendriez-vous, lecteur, de votre investissement sur cette infortunée entreprise ? Etes-vous prêt à mettre 100.000€ pour en récupérer 80.000 ? Si oui, précipitez vous au chevet de la Fonderie du Poitou. L'humanité ne compte qu'hélas peu de Mère Thérésa. L'homo economicus raisonnera de la manière suivante : en plaçant sans risque (en assurance-vie, par exemple), je peux espérer obtenir 2% de rendement annuel. Donc en prenant un risque en prêtant aux fonderies du Poitou, je veux obtenir au moins 7% ( les 5% de plus que l'assurance vie me permettant de rémunérer)  mon risque. Maintenant, s'il s'agit d'investisseur en capitaux propres dont ni la rémunération, ni la récupération ne sont garanties par un contrat de prêt, je prends un risque encore plus grand qu'en prêtant. Je veux donc avoir un rendement d'au moins 13% ( soit 6% de plus que l'objectif de rendement sur le prêt). Telle est la logique du coût des capitaux !

Le problème de Ford est du même acabit. La société installée à Blanquefort est structurellement déficitaire. Elle a perdu, en exploitation, 30M€ par sur les neuf dernières années, donc un total de 270M€. Après amortissement, soit. Mais si nous nous plaçons avant amortissement, au niveau de l'excédent brut d'exploitation, la perte cumulée est de 171 millions d'euros. Une exploitation extrêmement négative qui ne permet pas d'envisager l'avenir de manière très positive sans de gros investissements. Et là se pose encore la question : qui va payer ces investissements ?
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200920102011201220132014201520162017MoyenneEcart-Type
Excedent Brut d' Exploitation 17,30 € 4,70 € (114,20) € (69,30) € (50,80) € 4,90 € 13,20 € 17,00 € 6,30 € (18,99) € 47,47 €
Résultat d'exploitation 7,00 € (11,00) € (155,00) € (61,00) € (46,00) € (11,50) € 4,30 € 4,90 € (3,40) € (30,19) € 52,46 € 




Hélas, le contexte socio-politique français met en permanence en avant un rejet et un refus de toute forme de compensation des actionnaires. Quand Oxfam en Mai 2018 a lancé une diatribe sur les dividendes du CAC40, aucune personne du monde politique, aucun media n'a fait d'objection, donnant ainsi raison à Oxfam et à la soi-disant intelligentsia anti-capitaliste qui donne le "la" dans la presse et  sur  les réseaux-sociaux.  Le quotidien Libération en a même rajouté un couche dans son article intitulé : "Des profits sans partages". L'étude d'Oxfam sous des apparences scientifiques est d'une malhonnêteté intellectuelle saisissante 

Conséquences immédiates d'un tel état d'esprit : les victimes sont innombrables et pour ne citer que les plus voyantes, citons Whirlpool, Continental, ArjoWiggins, Ford Blanquefort, Ascoval.

Quand la France (des gilets jaunes aux Bobos ) comprendra-t-elle que bannir les profits, bannir les dividendes, c'est bannir la prise du  risque de l'investissement, c'est bannir le retour au plein-emploi, c’est condamner toute avancée, toute disruption, tout espoir de croissance.

C'est la parole des politiques (Martinez, Juppé, le Maire)  qui résonne sur les ondes. 
Les élus et l' Etat  ne sont pas là pour fabriquer des boîtes de vitesses chez Ford à Blanquefort, des séches-linges chez Whirlpool, ou des aciers spéciaux chez Ascoval. Ils sont là pour créer les conditions du développement industriel: fiscalité compétitive, code du travail raisonnable, infrastructure de communications et de transport, administration simple et efficace, formation aux métiers requis par les employeurs, respect de l'état de droit, élimination des droits de douane, etc. "Sauver" des emplois dont on n'a plus besoin ne veut rien dire. Encourager les entrepreneurs à venir s'installer (au besoin avec une défiscalisation limitée dans le temps, comme ça se fait dans de nombreux pays): voilà ce qu'on attend des politiques !