2022/01/28

ORPEA 

Le 5 Février 2022

Tout d'abord, sachez Lecteur, que je n'ai pas de sympathie particulière pour le management d' Orpea. Mais je pense qu'il a lui aussi droit à la présomption d'innocence. Si j'écris ces quelques lignes, le 5 Février, c'est parce que je suis excédé d'entendre et de lire toujours les mêmes commentaires anti-libéraux de personnes mal informées, dont l'argument est le suivant : c'est pour engraisser les actionnaires que les managers d' Orpea auraient rogné sur les dépenses de soins et dépenses alimentaires...

Il y a sans doute, chez Orpea comme dans toutes les organisations (entreprises privées, entreprises publiques, collectivités locales) des personnes dont la moralité est en deçà de ce que l'on est endroit d'attendre. 
Et un commentateur  de demander la démission du responsable  de l' ARS locale, et un autre  de réclamer la nationalisation des EPHAD privées. Bref, les media et les commentateurs se déchaînent contre l'économie libérale et contre les affreux actionnaires qui spéculent contre la santé et le bien-être des résidents en EPHAD. 

 Le cours d' Orpea s'est encore effondré hier, 4 Février à l'annonce de l'émission à venir " Cash - Investigation" de la célébrissime Elize Lucet, dont on ne peut dire qu'elle soit très partisane de l'économie libérale.

Alors, chère  Elize, j'espère que vous lirez ces lignes avant votre émission. 

Quelle a été la rentabilité, moyenne,  annualisée bien sur, avant impôts, de l'action ORPEA pour la période Fev 2017 - 20Janvier 2022 ?
Réponse : 2.10% . Oui, 2.10% avant impôt, dividendes inclus. 

Ne connaissant pas le dossier, je ne puis porter de jugement sur la moralité des gestionnaires. Mais je puis en porter un sur leur efficacité financière pour l'actionnaire qui les a payés sur ces 5 annnées : efficacité très très médiocre. Compte tenu de la stabilité de leurs ventes, avoir une rentabilité aussi mauvaise mériterait qu'ils soient limogés.

J'ai encore entendu dire que les "gras dividendes" étaient payés par les malheureux résidents. S'il est certains que les dividendes arrivent en bout de chaîne depuis le chiffre d'affaires, il est quand même permis de comparer les dividendes au chiffre d'affaires. Sur les deux années 2019-2020, les dividendes ont représenté 1.02% du chiffre d'affaires. Puisqu'ils ont été payés après impots, leur montant avant impôt représente 1.41% du chiffre d'affaires. Les résidents peuvent donc considérer que 1.41% de leurs dépenses chez Orpea correspondent à la (juste) rémunération des actionnaires.

Autre reproche que Cécile Duflot ne manquera pas de faire à Orpea : ces gras dividendes ont été versés aux dépens du personnel ! Si la calculette d' Oxfam marche bien, C. Duflot pourra constater que les dividendes 2019 représentent 3.9% des frais de personnel

Où alors réside la dimension financière du  scandale ? Sans doute dans des investissements surpayés, donc non rentables, qui ont permis aux dirigeants de faire croître la structure Orpea:  une croissance en nombre d'établissements, en nombre de résidents, en effectifs salariés. Une croissance qui aura permis de satisfaire les "egos" de certains, faute de bénéficier aux actionnaires.

  Sur les cinq années passées, l'indice CAC40  a progressé, de 5123 à 6951, avec une rentabilité moyenne annualisée de 6.28%, à laquelle il conviendrait de rajouter 2.5% de dividendes. La performance d' Orpea, à la lueur de celle du CAC est encore plus terne. 

Les quelques ratios que je viens de citer vous persuaderont, Lecteur, qu'il n'y pas de lien entre les mauvais traitements des résidents et le système économique.








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2021/10/04

Une stratégie gagnante pour les jeunes investisseurs : le DOLLAR COST AVERAGING

Qu'est-ce que le dollar cost averaging, expression que je pourrais traduire par moyenne des coûts en dollars ou en euros, mais que je préfère nommer par la suite stratégie DCA compte tenu de la lourdeur de l’expression "moyenne des coûts en dollars ou en euros". 



La moyenne du coût en dollars (DCA), c’est une stratégie d'investissement dans laquelle un investisseur investit périodiquement (tous les mois par exemple) le même montant financier. L’objectif de cette stratégie est de réduire l'impact de la volatilité sur l'achat global. Les achats ont lieu quel que soit le prix de l'actif , à intervalles réguliers : ainsi quand le cours sera plus élevé , l'investisseur acquerra un nombre moins élevé de titres, alors que quand le cours sera plus bas l'acquéreur acquerra plus de titres. L’un des atouts de cette stratégie d’investissement étalé dans le temps, par rapport à un investissement ponctuel massif, est d’éviter d’acheter au mauvais moment un titre d’une entreprise belle mais surcotée; belle mais peut-être temporairement surévaluée pour des raisons de mode.

 Ainsi, en Septembre 2021, on peut s’émerveiller des performances opérationnelles et financières d’ Hermès ou d’ Amazon, et en conséquence être tenté d’en acquérir des actions.  Il convient néanmoins de  s’interroger sur leur valorisation respective de 120 et 1500 milliards. Même si ces entreprises sont merveilleuses, elles semblent surévaluées en cet Automne 2021, avec leur PER stratosphérique; elles peuvent perdre dans les cinq années à venir 30% de leur capitalisation actuelle respective sans réellement faillir ou déroger. 

Contexte d’application de la stratégie DCA ? 

 Théoriquement cette stratégie pourrait s’appliquer à n’importe quel actif dont on pense qu’il va positivement se réévaluer dans le temps. Cette hypothèse d'évolution positive peut paraître valide pour le marché (donc pour certains indices) , mais plus difficilement pour des actions individuelles. 

Ainsi, si vous êtes optimiste sur l'économie allemande, il vous est plus facile d’acquérir un fonds indiciels basé sur le DAX  que de parier sur Allianz ou Daimler Benz. La stratégie DCA est donc particulièrement indiquée pour un jeune investisseur optimiste sur un pan de l'économie sur lequel il pourra se positionner par le biais d'un fonds indiciel ou d’un ETF trackant cet indice. Cette stratégie permet en effet d’éliminer une grande partie du travail de détail consistant à faire du market timing afin de procéder à des achats d'actions au meilleur prix. 
La  DCA est un outil qu'un investisseur peut utiliser pour constituer  un patrimoine sur une longue période: cette stratégie, à l’opposé du boursicotage, est particulièrement recommandée pour le jeune investisseur qui dispose d’un horizon de temps éloigné. Elle lui permet de neutraliser la volatilité à court terme du marché boursier au sens large. 

Exemple d’application de la stratégie DCA

 Jean, jeune diplômé 2019 a été embauché par une grosse entreprise de services informatiques et a décidé  de se constituer un portefeuille d'actions. S'il  ne dispose pas , en son jeune âge, de capitaux , il tire néanmoins de son travail des revenus réguliers, qui lui permettront  d’investir tous les mois 300 euros . Comme il ne connaît pas les aléas d’ Airbus, d’ Air Liquide, il a investi dès la fin septembre 2019 dans un fonds indiciel plutôt que sur ces deux entreprises magnifiques mais peut-être surcotées.  Il a choisi le fonds Lyxor STOXX Europe Select Dividend 30, dont la fiche Morningstar apparaît ci-dessous. Il logera ses parts dans son PEA afin de ne pas être imposé sur les dividendes de ce fonds.
Deux ans après, il procède au contrôle des performances de son portefeuille. Dans le tableau qui suit, apparaissent mois par mois les cours de cloture ajustés, le nombre de titres acquis et l’investissement net réalisé, le plus proche des 300 euros du programme d’investissement.
Comment a fonctionné la stratégie DCA ?
Alors que le titre a évolué de 1.7% sur cette période de deux ans, Jean aura obtenu un rendement mensuel moyen de 1.05% ce qui est équivalent sur deux ans à un rendement de 42.9%, incomparablement supérieur aux 1.7% d'évolution du cours.

 Il est important de noter que cet exemple de stratégie DCA a fonctionné favorablement, car le fonds indiciel a finalement augmenté au cours de la période en question. La stratégie DCA améliore la performance d'un investissement au fil du temps, mais seulement si le prix de marché  de l'investissement augmente. Cette stratégie ne peut pas protéger l'investisseur contre le risque de baisse des prix du marché. Ce n’est pas une stratégie infaillible. Comme l’a souligné Warren Buffett (qui n’est d’ailleurs pas un adepte du DCA), on n’investit que si on espère in fine une hausse à terme. Les investisseurs qui utilisent le DCA réduiront généralement leur coût de base dans un investissement au fil du temps. La base de coût plus faible entraînera une perte moindre sur les investissements dont le prix baisse et générera des gains plus importants sur les investissements dont le prix augmente.

Calcul des rentabilités de l'exemple:

-284/(1+x) -286/(1+x)² -295/(1+x)^3 -.....+471actions@17.02€/(1+x)^24=0 si x=0.0105=1.05% par mois

Un placement mensuel d'un montant de 100 au taux mensuel de 1.05% donner 24 mois après une valeur capitalisée de 100*(1.015)^24=142.9.


Cours final / Cours initial =17.02€/16.73€= 1.017




2021/01/05

La mémoire très sélective d' Adrien Cattenens

 


Le 5 Janvier 2021


Dans son interview du 31/12/2020 à 20:37, Adrien Cattenens semble indiquer qu'on ne retiendrait rien de l'année 2020 si ce n'est  l'enrichissement des milliardaires dont la fortune a été multipliée par quatre en dix années. Ma propre mémoire est moins sélective et cette allusion à l'enrichissement des plus riches me pousserait à faire une proposition positive à notre député.

Je vais commencer par le plus amer afin de pouvoir terminer sur une notre positive. La crise du Covid-19 a hélas fait apparaître, une fois de plus,  de manière plus visible que jamais  le déclin de la France,

 Alors qu'un vaccin a pu être développé en quelques mois aux USA (Pfizer et Moderna), en Allemagne (BionTech), au Royaume-Uni (AstraZeneca), aux Indes, Sanofi notre multinationale s'est très largement fait distancer. Pour ajouter à ce camouflet, précisons  que Moderna a été fondée par un Français; précisons  qu' AstraZeneca est dirigée elle aussi par un Français. On ne manque donc pas de personnes talentueuses. Mais l'efficacité de leurs talents est tellement émoussée par les 35 heures, les gilets jaunes, les bonnets rouges, les BlackBlocs, les pesanteurs de l'administration, la fiscalité oppressante, les discours haineux des Martinez, Cattenens et autres Mélenchon  que nombre de nos talents ne peuvent plus  s'épanouir dans l'hexagone. On a tué la compétitivité de notre pays dans lequel il devient plus facile de vivre sur le dos du contribuable que de s'échiner à faire avancer les choses. On a fait fuir quelques remarquables créateurs de valeur.

Passons maintenant à la note positive. Oui , les milliardaires (il y en a relativement peu chez nous, hélas) se sont enrichis. Prenons le plus emblématique d'entre eux : Bernard Arnault. Sa fortune n'a pas été multipliée par 4 en 10 ans, mais par 5 en 5 ans. Formidable ! Oui, formidable car LVMH  est cotée en bourse et tout le monde aurait pu faire comme Bernard Arnault et investir à 38% l'an. Il y a cinq ans, l'action LVMH ne cotait guère qu'une centaine d'euros. Monsieur Cattenens aurait du, il y a cinq ans, suggérer à la population d'acquérir des actions LVMH plutôt qu'exciter la jalousie des moins bien nantis.

Oui, il y a cinq ans, une action LVMH ne coûtait qu'une centaine d'euros. Moins que le coût de participation à une rave party. Oui, chacun  (grâce à Bernard Arnault qui a la généreuse idée de faire profiter le public de ses bonnes affaires)  avait la possibilité  de s'enrichir en Bourse en acquérant par exemple des actions LVMH. Ce qui est vrai pour LVMH s'applique aussi à Hermès, l'Oréal et bien d'autres, qui ont créé, de surcroît des dizaines de milliers d'emploi.

Alors, Monsieur Cattenens, cessez je vous prie de prêcher la haine des riches qui incitera peut être un jour Bernard Arnault à suivre le créateur de Moderna aux USA et à créer les milliers d'emploi de l'autre côté de l'atlantique. Suggérez à ceux qui vous écoutent d'investir avec ces  milliardaires afin de les accompagner sur le chemin de la fortune.


2019/02/22

Ascoval, Fonderie du Poitou, Ford Blanquefort : privé et public






Si l’échec de la reprise d' Ascoval n'était pas tragique pour les salariés, cet échec serait  une bonne illustration de la nécessité de la libre d'entreprise, ou encore de la nécessité du capitalisme, bien que ce terme soit trop souvent employé de manière négative. 



Il faut injecter 35 M€ de capitaux propres pour relancer Ascoval . L'investisseur potentiel ne le fera que s'il peut espérer un retour sur cet investissement et la possibilité de récupérer un jour cet argent. Faute de telles espérances, il gardera ses 35M€ et Ascoval périra définitivement.

Idem pour les fonderies du Poitou. Cette belle entreprise a été en perte sur tous les exercices de 2013 à 2017. Pertes d'exploitation cumulées sur ces 5 années : près de 17 millions d'euros. De plus, stratégiquement, cette entreprise est hélas mal positionnée sur un secteur en déclin (les bloc-moteurs de voitures diesel). Là encore il faut investir pour redresser la barre et repositionner l'entreprise . Il faut trouver des investisseurs qui ne soient pas rebutés par le lourd passé de pertes. On n'attrape pas les mouches avec du vinaigre et on attire les investisseurs avec des perspectives de bénéfices. Pas avec les discours anticapitalistes de Messieurs Martinez et Poutou, ni avec les comportements inqualifiables de ces malheureux salariés qu'ils prétendent vouloir sauver et qui donnent une images très négative de la France.



Alors quelles perspectives de retour sur investissement ? 
Quel rendement attendriez-vous, lecteur, de votre investissement sur cette infortunée entreprise ? Etes-vous prêt à mettre 100.000€ pour en récupérer 80.000 ? Si oui, précipitez vous au chevet de la Fonderie du Poitou. L'humanité ne compte qu'hélas peu de Mère Thérésa. L'homo economicus raisonnera de la manière suivante : en plaçant sans risque (en assurance-vie, par exemple), je peux espérer obtenir 2% de rendement annuel. Donc en prenant un risque en prêtant aux fonderies du Poitou, je veux obtenir au moins 7% ( les 5% de plus que l'assurance vie me permettant de rémunérer)  mon risque. Maintenant, s'il s'agit d'investisseur en capitaux propres dont ni la rémunération, ni la récupération ne sont garanties par un contrat de prêt, je prends un risque encore plus grand qu'en prêtant. Je veux donc avoir un rendement d'au moins 13% ( soit 6% de plus que l'objectif de rendement sur le prêt). Telle est la logique du coût des capitaux !

Le problème de Ford est du même acabit. La société installée à Blanquefort est structurellement déficitaire. Elle a perdu, en exploitation, 30M€ par sur les neuf dernières années, donc un total de 270M€. Après amortissement, soit. Mais si nous nous plaçons avant amortissement, au niveau de l'excédent brut d'exploitation, la perte cumulée est de 171 millions d'euros. Une exploitation extrêmement négative qui ne permet pas d'envisager l'avenir de manière très positive sans de gros investissements. Et là se pose encore la question : qui va payer ces investissements ?
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200920102011201220132014201520162017MoyenneEcart-Type
Excedent Brut d' Exploitation 17,30 € 4,70 € (114,20) € (69,30) € (50,80) € 4,90 € 13,20 € 17,00 € 6,30 € (18,99) € 47,47 €
Résultat d'exploitation 7,00 € (11,00) € (155,00) € (61,00) € (46,00) € (11,50) € 4,30 € 4,90 € (3,40) € (30,19) € 52,46 € 




Hélas, le contexte socio-politique français met en permanence en avant un rejet et un refus de toute forme de compensation des actionnaires. Quand Oxfam en Mai 2018 a lancé une diatribe sur les dividendes du CAC40, aucune personne du monde politique, aucun media n'a fait d'objection, donnant ainsi raison à Oxfam et à la soi-disant intelligentsia anti-capitaliste qui donne le "la" dans la presse et  sur  les réseaux-sociaux.  Le quotidien Libération en a même rajouté un couche dans son article intitulé : "Des profits sans partages". L'étude d'Oxfam sous des apparences scientifiques est d'une malhonnêteté intellectuelle saisissante 

Conséquences immédiates d'un tel état d'esprit : les victimes sont innombrables et pour ne citer que les plus voyantes, citons Whirlpool, Continental, ArjoWiggins, Ford Blanquefort, Ascoval.

Quand la France (des gilets jaunes aux Bobos ) comprendra-t-elle que bannir les profits, bannir les dividendes, c'est bannir la prise du  risque de l'investissement, c'est bannir le retour au plein-emploi, c’est condamner toute avancée, toute disruption, tout espoir de croissance.

C'est la parole des politiques (Martinez, Juppé, le Maire)  qui résonne sur les ondes. 
Les élus et l' Etat  ne sont pas là pour fabriquer des boîtes de vitesses chez Ford à Blanquefort, des séches-linges chez Whirlpool, ou des aciers spéciaux chez Ascoval. Ils sont là pour créer les conditions du développement industriel: fiscalité compétitive, code du travail raisonnable, infrastructure de communications et de transport, administration simple et efficace, formation aux métiers requis par les employeurs, respect de l'état de droit, élimination des droits de douane, etc. "Sauver" des emplois dont on n'a plus besoin ne veut rien dire. Encourager les entrepreneurs à venir s'installer (au besoin avec une défiscalisation limitée dans le temps, comme ça se fait dans de nombreux pays): voilà ce qu'on attend des politiques ! 

2018/12/15

Rendez-nous l' ISF!

Voilà l'un des derniers slogans des "gilets jaunes". Pitoyable. 
D'un autre côté, le  myopisme des commentateurs de la suppression de l' ISF est tout aussi consternant. Les méfaits cumulés de l' ISF ont été considérables. L' ISF a miné inexorablement l'économie française depuis 1981. Comment espérer, en 2018, que les  bienfaits de la suppression puissent  se faire sentir à court terme, dès le mois de Décembre  ?

 Lentement mais sûrement, les riches qui en avaient les moyens sont partis sous des cieux moins spoliateurs. En quittant la France, ils l'ont privée de la TVA qu'ils payaient sur leur train de vie élevé. Ils ont aussi laissé sur place des emplois d'aides-à-domicile, cuisiniers, personnels de maison, chauffeur... Ils ont cessé d'investir en France et fait profiter Suisse, Angleterre ou Californie  de leur train de vie et de leur esprit entrepreneurial. On peut montrer que le départ d'un "petit riche" (au  salaire mensuel de 10.000€)  coûte directement à la collectivité près de 50.000 euros par an.

Les PME industrielles, qui ne pouvaient déménager ont été progressivement asphyxiées, contraintes de verser des dividendes pour financer l' ISF de leurs actionnaires au lieu d'investir. Après impôt sur le revenu, CSG et ISF à 0.7%, l'entreprise doit verser 1.16%  de ses capitaux propres sous forme de dividendes pour couvrir impôt, CSG et ISF. Depuis 35ans , l' ISF a ainsi englouti 41% des capitaux propres des entreprises. 

Moins d'investissement, donc moins de croissance, donc moins d'emplois. In fine, l'hécatombe est impressionnante, la France est désindustrialisée  et le chômage a augmenté en conséquence. Les fameuses ETI qui font la fortune des allemands sont étouffées dans l' oeuf , par l' ISF en particulier.

Pire : la confiance a disparu et de jeunes entrepreneurs français sont partis créer en Californie ou au Royaume-Uni dans l'idée qu'à terme ils seraient spoliés par l' état. Pire encore : des entrepreneurs d'outre-Atlantique qui auraient pu être tentés par un établissement en France ont choisi l' Allemagne, les Pays-Bas ou  le Royaume-Uni pour s'installer en Europe. Les deux manque-à-gagner qui viennent d'être cités ne seront certes jamais comptabilisés, puisqu'il s'agit de manque-à-gagner. Ils peuvent être au mieux évalués au cas par cas à partir des départs de France ou encore des investissements pour lesquels une implantation en France avait été envisagée. 
Economiquement et financièrement, il conviendrait de les estimer pour les rajouter aux coûts plus facilement mesurables des départs des exilés fiscaux.

Les entreprises rentables  n'ont pas de problème de financement. L'argent ne manque pas dans le monde : il n'y en a jamais eu autant. Les investissements rentables sont moins courants et, de ce fait, faute de mieux, il y a 2300 milliards d'euros investis dans la dette française qui rapporte moins de 0.5% sur 10 ans, ce petit "0.5%" étant de plus soumis à un gigantesque risque de taux. 


  Les détenteurs de capitaux n'ont qu'une idée, bien compréhensible d'ailleurs : faire des placements rentables.  L'équipe Macron  a fait une grosse erreur de communication  en tentant de justifier la suppression de l' ISF par une compensation sur le financement des entreprises. Le problème de tout un chacun ne se situe pas au niveau du financement, mais au niveau de la rentabilité. Celle-ci est très faible et l' ISF constituait un handicap supplémentaire.

 Le peuple de gauche fantasme en permanence sur une hyper-rentabilité des entreprises; la réalité est hélas très différente. 
Les entreprises ont une rentabilité moyenne qui se mesure en dizièmes de pourcent. Pour preuve, regardez le CAC40, qui se traîne aux alentours de 5000 depuis dix ans. Seule la progression de quelques entreprises "vedettes" , comme  LVMH et  l' Oréal ont empêcher l'indice de plonger dans le vide. Regardez les fleurons de l'industrie qui sont au bord du gouffre. Regardez PSA qui avait il y a peu de temps encore plus de dettes que d'actifs; et Renault qui n' a pas bougé depuis 5 ans; et EDF qui... Alors que sur la même période de temps, le DAX a doublé et Volkswagen est devenu le premier constructeur mondial. Regardez Carrefour qui a perdu 50% de sa valeur depuis 10 ans, Air France 30%, la SNCF qui croule sous les dettes... Il n'y a guère que les secrétaires généraux de FO ou de la CGT qui, éblouis par leur propre train de vie, s'imaginent que l'herbe est plus verte encore dans le vrai privé. 
Dans le vrai privé, la concurrence est impitoyable, les prix sont tirés à la baisse et les rentabilités sont faibles, trop faibles pour rémunérer les risques courus par les apporteurs de capitaux qui préfèrent placer à 0,5% ou s'exiler quand ils en ont les moyens. Alors, de grâce, n'ajoutez pas un handicap supplémentaire.

Les entreprises n'ont pas de problème de financement; elles n'ont que des problèmes de rentabilité. Ce n'est hélas pas le retour de l' ISF qui arrangera cet état de fait. Alors, ne nous rendez pas l' ISF: cela ne permettra pas d'assouvir la jalousie des gilets jaunes, des bonnets rouges et des black blocs; mais cela permettra peut-être de ralentir les départs.

2018/11/28

De la gouvernance chez Renault 

Bien que me situant politiquement et  économiquement au centre droit, bien que partisan de la libre entreprise et de la liberté dans l'entreprise, bien qu'avocat de la séparation entre public et privé, j'étais régulièrement choqué d'apprendre tous les ans que la rémunération du PDG de Renault dépassait les 15 millions d'euros. Un tel montant me semble socialement inacceptable et économiquement injustifiable.
Mais, me demandais-je,  que fait le conseil d' administration (CA dans la suite) ? Comment le CA peut-il tolérer un tel niveau de rémunération dont je pense qu'il constitue un coin entre les salariés et le management ?

Après avoir été informé de l'arrestation de Carlos Ghosn le Lundi 19 Novembre, je me suis précipité pour voir la composition du Conseil d' Administration de Renault , et la nature précise de ses attributions dans cette entreprise.

Certes les textes définissent les rôles du CA. Mais les bonnes pratiques financières enseignées dans nos écoles et pratiquées dans les meilleures entreprises assignent au CA des tâches et responsabilités qui vont bien au-delà de ce que prévoient les textes. 

Comment contrôler les dirigeants et faire en sorte qu'ils ne pillent pas l'entreprise au détriment immédiat des actionnaires, et au détriment des salariés ? Telle  est la mission première du CA d'une entreprise dont les membres doivent s'assurer que les intérêts des dirigeants et ceux des actionnaires sont bien convergents. Un bon moyen d'assurer une telle convergence est de faire en sorte qu'actionnaires, dirigeants et membres du CA possèdent des actions. Certes, ce n'est pas le seul, ce n'est pas suffisant; c'est en tous cas nécessaire.


 La possession d'actions par les dirigeants est l'une des justifications des stocks options. Sur ce registre, Renault semble irréprochable si on en juge par les (presque) 600.000 actions détenues par Carlos Ghosn.


Par contre, la bât blesse sérieusement au niveau des administrateurs. Martin Vial, par exemple, ne détiendrait aucune action Renault. Catherine Barba, comme la plupart des autres membres, ne détiendraient guère que 100 actions, soit de l'ordre 6000 euros (un montant qui devrait être comparé aux 60.000€ de jetons de présence versés annuellement aux administrateurs). 

Les membres du CA ne croient-ils pas dans Renault ? Si eux, qui sont informés avant tout le monde de la stratégie du groupe - l'un de leurs rôles est précisément de la définir ou de contrôler sa cohérence-  ne croient pas dans le groupe qu'ils administrent, comment le petit actionnaire peut-il y croire ? Comment peut-on imaginer que les administrateurs supposés défendre les actionnaires se sentent une convergence d'intérêts avec ces derniers alors qu'eux mêmes, mieux informés, ne possèdent pas d'actions ?

Enfin, dans le cas précis de Renault, l'une des missions du CA , explicitement précisée sur le site internet de Renault, est de  se réunir une fois par an, hors la présence du Président-Directeur général, pour évaluer la performance de ce dernier et fixer sa rémunérationC'est donc le CA qui fixe  la rémunération (que je juge socialement inacceptable) de Carlos Ghosn. Mon appréciation de l'acceptabilité de ce salaire, de même que mon appréciation  du conflit d'intérêts entre les présidences simultanées de Renault et de Nissan diffère donc de celles des membres du CA de Renault.


On peut donc conclure que la gouvernance de Renault au plus haut niveau est complètement à revoir. Ce CA est très insuffisamment impliqué en terme d'actionnariat et, en fixant la rémunération du dirigeant au niveau précité contribue sans nul doute à insérer un ver dans le fruit social.