2017/10/05

L' ISF : un impôt qui coûte à la collectivité

L' ISF : un impôt qui coûte à la collectivité


A l'heure où journaux-papier et télévisés reviennent sans arrêt sur la suppression de l'ISF, à l'heure où le Premier ministre doit "s'engager", à l'heure où Macron est qualifié  de "Président des riches", je suis surpris de la pauvreté de l'argumentation pour la suppression de l'ISF. 

Certes l'argumentation "contre" cette suppression est aussi absurde  que l'impôt lui-même. Est-ce vraiment faire un cadeau à quelqu'un  que d'adoucir  le matraquage?  

Et les avocats de l' ISF de se demander si cette suppression de l' ISF fera revenir les riches exilés. Le problème n'est plus là.   Ces derniers ont maintenant pris leurs habitudes et vivent à Londres, Genève, Lausanne ou Bruxelles, des villes qui n’ont rien à envier à nos capitales régionales. Comme les huguenots, ils ne profiteront pas de ce nouveau Concordat  pour revenir au pays des envieux que les dragons de Cahuzac et de Raquel Garrido les ont contraints à quitter. 

Ces avocats de l' ISF ne mentionnent que les 4,5MM€ que rapporte cet impôt sans prendre en compte ce qu'il risque de coûter  du fait du manque-à-gagner sur les futurs exilés fiscaux; sans tenir compte  des coûts d'opportunité des entreprises et entrepreneurs  qui pourraient venir s'implanter en France mais  que la fiscalité rebute. Or ces manque-à-gagner font plus que contre-balancer les 4,5 milliards de recettes.

Aujourd'hui, le problème est plutôt de retenir ceux qui seraient tentés de partir que de faire revenir ceux qui sont partis; et éventuellement aussi  d'attirer ceux qui seraient tentés par la douceur angevine.

La suppression de l' ISF  contribuera sans doute à retenir certains exilés potentiels  qui seraient tentés de partir; chaque départ est en effet une perte sèche pour la communauté nationale : des emplois perdus, de l' IR, de la TIPP et de la TVA qui ne rentreront pas, en nous cantonnant à cette brève liste car il y a bien d’autres impôts qui fâchent.

 Illustrons ceci par l' exemple d'un "petit riche", autrefois mentionné par DSK..
Considérons le cas de l’assujetti ISF moyen de la commune de Croix, dans le Nord, résidant  à moins de cinq kilomètres de la Belgique. Faisons quelques hypothèses sur ses revenus et sur son patrimoine.
Selon les statistiques relevées sur le site impots.gouv.fr, ce riche contribuable assujetti à l’ ISF a une fortune de 3.93M€ et est soumis à un ISF de 16.5k€. Supposons qu’il vive en couple avec un revenu après CSG de 100 k€ et utilise les services d’une femme de ménage et d’un jardinier (pour 750 heures par an et un salaire annuel brut chargé de 13k€ par an). Les « droits simples » de ce « riche » couple de contribuables, autrement dit sa charge d’impôt sur le revenu, sera de 15.7k€ ; il bénéficiera certes  d’un  crédit d’emploi pour salarié à domicile de 6,5 k€.
De plus , il rapporte à la communauté nationale de la TIPP (taxe sur les carburants) en roulant avec sa voiture ; sur la base   de 15.000km /an dans les calculs qui suivent. Puis nous ferons l’hypothèse qu’il dépense le reste de ses revenus,  générant ainsi de  la TVA sur ses consommations.

 Comme le montre le tableau ci-dessous, notre riche compatriote rapporte à la communauté près de 68k€ par an. S’il était tenté de passer la frontière belge qu’il peut contempler depuis sa fenêtre, il pourrait augmenter son revenu net de 27% (16.5k€ d’ ISF/61.3k €).  

S'il passait outre-Quiévrain, notre petit-riche privera l'hexagone de 51.5k€:

CSG 18 343 €
IR 15 699 €
Salaires 13 000 €
Credits IR -6 500 €
TVA 10 007 €
TIPP 1 008 €
Total 51 557 €

L'équation que doit résoudre notre Ministre des Finances est donc la suivante : faut-il risquer de perdre 51k€ pour en gagner 16.5 ?


Il conviendrait enfin de raisonner avec un horizon de temps de plus d'une année. L' ISF a rongé depuis 1982 l'économie française, décimé les industries.  Le  redressement de l'économie ne saurait se faire sur une seule année:  comme dans tout investissement , on débourse d'abord avant d'engranger.
 Il va peut-être falloir débourser 4.5MM€ sous forme de manque-à-gagner annuels avant de rétablir la confiance,  d'éviter les exils de capitaux, voire d'inverser le sens des mouvements de capitaux.

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